Chine

Une influence croissante

Mise à jour le 21 avril 2022

Fondée en 1949 par le dirigeant communiste Mao Zedong, la République populaire de Chine est depuis 2010 la deuxième puissance économique mondiale derrière les États-Unis selon le PIB. Elle est également depuis 2009 le premier exportateur mondial, devant les États-Unis et l’Allemagne. La Chine s’est fixée comme objectif de devenir le « numéro un mondial » des hautes technologies en 2049, à l’occasion du centenaire de la création de la République populaire. Cette ambition inquiète les États-Unis, avec lesquels les relations commerciales se sont dégradées à partir du mandat de Donald Trump.

Pourquoi ça compte ?

Une économie en développement

Avec un PIB de plus de 14 632 milliards de dollars (corrigé de l’inflation depuis 2015) en 2020, la Chine est la deuxième puissance économique mondiale après les États-Unis (19 295 milliards) et devant le Japon (environ 4 380 milliards en 2019). Elle est également le pays le plus peuplé au monde. Du fait d’une croissance soutenue depuis 40 ans, moins de 1 % de la population chinoise vit désormais dans l’extrême pauvreté, dont le seuil est fixé à 1,90 dollar par jour par la Banque mondiale, un organisme de financement du développement. Le revenu national brut par habitant a été multiplié par six en à peine plus de 20 ans. Il reste toutefois très largement inférieur à celui des principaux pays développés. Le revenu national brut par habitant est par exemple près de quatre fois plus élevé en France et près de six fois aux États-Unis.

Le différend commercial avec les États-Unis

Pendant sa campagne électorale, Donald Trump, président des États-Unis de 2017 à 2020, avait accusé la Chine d’avoir construit une « grande muraille protectionniste » pour empêcher les importations de produits américains. Après son arrivée au pouvoir, il a reproché en particulier à la Chine des « vols de propriété intellectuelle ». Le déficit commercial enregistré par les États-Unis avec la Chine a pratiquement doublé entre 2005 et 2015, selon le Census Bureau, un organisme américain de statistiques. Entre 2018 et 2020, les États-Unis ont relevé à plusieurs reprises leurs droits de douane sur une liste toujours plus étendue de produits chinois. En réaction, la Chine a fait de même. En février 2022, le Peterson Institute for International Economics, un cercle de réflexion américain, notait que malgré l’arrivée de Joe Biden à la présidence des États-Unis en janvier 2021, les droits de douane appliqués par les États-Unis restent, comme ceux de la Chine, bien supérieurs à leurs niveaux de 2018.

Les « Nouvelles Routes de la soie »

Le président chinois, Xi Jinping, a lancé en 2013 le projet des « Nouvelles Routes de la soie » afin d’accroître les échanges commerciaux de son pays. Ce projet vise à mieux connecter la Chine à l’Europe et à l’Afrique à travers la construction d’infrastructures de transport, d’énergie et de télécommunications dans près de 70 pays. Financés par des prêts de la Chine aux États partenaires, les travaux sont pour l’essentiel réalisés par des entreprises chinoises. Plusieurs pays de l’UE, dont la Pologne (en 2015), la Grèce et le Portugal (en 2018) ainsi que l’Italie (en 2019), ont conclu des protocoles d’accord avec la Chine.

Je vois avec inquiétude qu’en Italie et dans d’autres pays européens, des infrastructures d’importance stratégique comme les réseaux d’électricité, les lignes ferroviaires à grande vitesse ou les ports ne sont plus dans des mains européennes, mais chinoises.

Günther Oettinger

commissaire européen au Budget
mars 2019

Les dates à retenir

Décembre 1978
Ouverture économique
En décembre 1978, un peu plus de deux ans après le décès de Mao Zedong, Deng Xiaoping prend le pouvoir en Chine. Il lance alors une série de réformes visant à ouvrir et libéraliser l’économie. L’État cherche en particulier à créer de grands groupes industriels nationaux et à rattraper le retard technologique du pays. Il autorise les entreprises étrangères à produire en Chine à condition qu’elles exportent toute leur production. Pour pouvoir vendre sur le marché chinois, ces entreprises doivent nouer des alliances stratégiques avec des entreprises chinoises et leur transférer des technologies dans des secteurs qui intéressent le régime, comme l’automobile, les circuits intégrés et le nucléaire.
Décembre 2001
Entrée à l’OMC
Après 15 ans de négociations, la Chine devient officiellement en décembre 2001 le 143e État membre de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), une institution de régulation des échanges internationaux qui dénombre aujourd’hui 164 États membres. La Chine avait demandé en juillet 1986 au Gatt, devenu en 1995 l’OMC, de reprendre le siège qu’elle avait abandonné en mai 1950, peu après l’avènement du régime communiste. En rejoignant l’OMC, la Chine s’engage à ouvrir davantage son territoire aux investissements et aux importations. En contrepartie, les États membres de l’OMC acceptent de ne plus limiter leurs importations de produits chinois, également de manière progressive. L’UE a ainsi mis fin en 2008 à ses quotas d’importation sur les textiles chinois.
Mai 2015
Lancement du programme « Made in China 2025 »
Le 19 mai 2015, le gouvernement chinois présente le programme « Made in China 2025 ». Il consiste à passer d’une économie du « fabriqué en Chine » à celle du « imaginé en Chine » dans 10 secteurs jugés prioritaires, tels que le ferroviaire, les véhicules propres ou la robotique. La Chine encourage, à travers des financements publics, les dépenses en recherche et développement. L’objectif, avec ce plan, est de devenir en 2049 le numéro un mondial des hautes technologies, tout en orientant la production industrielle vers un plus grand respect de l’environnement. Dans un article publié en 2018 sur le site du Council on Foreign Relations, un centre de réflexion américain, le chercheur spécialiste de la Chine Lorand Laskai estime que le plan « Made in China 2025 » s’annonce comme « la véritable menace existentielle pour le leadership technologique américain ».
Août 2018
Boycott américain de Huawei
Le 13 août 2018, Donald Trump promulgue une loi, entrée en vigueur un an plus tard, interdisant aux agences gouvernementales d’acheter le matériel produit par cinq sociétés chinoises, dont Huawei. Cette dernière est devenue en 2017 le premier fabricant mondial d’équipements de télécommunications, selon le cabinet d’analyse britannique IHS Markit. Les autorités américaines soupçonnent Huawei de permettre aux agences de renseignement chinoises d’accéder à ses réseaux, ce que dément l’entreprise. Le 15 mai 2019, Donald Trump signe un décret interdisant aux entreprises américaines des télécommunications d’utiliser du matériel fabriqué par Huawei. Le même jour, le département américain du Commerce annonce le placement de Huawei sur une liste noire, limitant ainsi sa possibilité d’acheter des composants électroniques aux sociétés américaines.

Chiffres à l’appui

135 entreprises chinoises

En 2020, 135 des 500 entreprises ayant réalisé le plus de chiffre d’affaires dans le monde étaient chinoises, selon un décompte effectué par B‌r‌i‌e‌f‌.‌m‌e à partir du classement du magazine américain Fortune. Ce chiffre est légèrement supérieur à celui des entreprises américaines (122). Trois entreprises chinoises figurent dans le top 10 de ce classement, contre quatre entreprises américaines.

25 milliards de dollars
Le 19 septembre 2014, l’entreprise chinoise de commerce en ligne Alibaba réalise la plus importante introduction en bourse de l’histoire, en levant 25 milliards de dollars sur la place financière new-yorkaise. Ce montant a été dépassé en décembre 2019 par l’introduction en bourse de la compagnie pétrolière publique saoudienne Saudi Aramco (29,4 milliards de dollars).

La Chine apparaît ainsi comme le premier État capable de faire contrepoids aux États-Unis depuis la fin de la guerre froide.

Clément Séhier

enseignant-chercheur en économie à l’Institut Mines-Télécom Lille-Douai
septembre 2019

Qu’est-ce que ça veut dire ?

Chinafrique

Le journaliste Serge Michel, coauteur de l’ouvrage « La Chinafrique : Pékin à la conquête du continent noir » publié en 2008, estime cette expression justifiée dans la mesure où la Chinafrique est « un système qui ressemble à la Françafrique » puisqu’il « s’appuie sur des relations politiques privilégiées avec les élites africaines pour faire avancer des contrats commerciaux ». Il précise toutefois que le parallèle s’arrête là, la Chine n’ayant pas de « passé colonial en Afrique ». La Chine est depuis 2009 le premier partenaire commercial du continent africain, devant les États-Unis, selon le gouvernement chinois. En 2019, elle était le quatrième investisseur en Afrique, les Pays-Bas étant le premier et la France le troisième, d’après la Cnuced, une agence de l’ONU.

Soft power

En 2007, le gouvernement chinois adopte lors d’un congrès du Parti communiste le principe politique du « soft power », appelé « ruan shili » en mandarin, afin d’améliorer son image dans le monde. Défini en 1990 par le politologue américain Joseph Nye comme « l’habileté à séduire et à attirer », le « soft power » consiste pour un État à établir avec les autres pays des relations reposant sur l’influence plutôt que sur la coercition ou la négociation. Cette influence est liée à divers facteurs, tels que les performances économiques ou l’attractivité du modèle culturel. Les Instituts Confucius, un réseau véhiculant la langue et la culture chinoise dans le monde, sont « parmi les éléments les plus visibles du soft power chinois », selon la géographe française Nashidil Rouiaï. Fin 2019, la Fondation chinoise pour l’éducation internationale, une organisation regroupant des universités et des entreprises, recensait plus de 550 Instituts Confucius dans plus de 160 pays.

Taïkonaute

Un taïkonaute est un spationaute chinois. En 2003, la Chine est devenue la troisième nation, après la Russie et les États-Unis, à avoir envoyé indépendamment un homme dans l’espace. Le 3 janvier 2019, elle devient le premier pays à déposer un engin, en l’occurrence une sonde spatiale, sur la face cachée de la Lune, invisible depuis la Terre. Le même mois, l’agence spatiale chinoise CNSA annonce que la Chine prévoit de construire d’ici 2030 une base lunaire internationale capable d’accueillir des humains. La Chine a consacré 9,3 milliards de dollars à ses activités spatiales en 2017, soit le deuxième budget au monde après celui des États-Unis (48 milliards de dollars), selon une étude de 2019 publiée par l’OCDE, qui réunit 38 pays parmi les plus développés du monde.

Pour aller plus loin

À la conquête du monde

Le Parisien présente l’ascension économique de la Chine depuis la fin des années 1970 et son objectif de devenir d’ici 2049 la première puissance mondiale, devant les États-Unis.

L’aide étrangère de la Chine

Dans un article publié en 2012 dans la Revue internationale de politique de développement, les chercheurs chinois Meibo Huang et Peiqiang Ren présentent les particularités de la politique chinoise d’aide au développement qui, contrairement à celle apportée par les autres pays développés, est fondée sur le principe de non-ingérence dans les politiques internes des pays aidés.

C’était notre panorama sur l’influence croissante de la Chine.

Rédaction

Céline Boff

Infographie

WeDoData

Design

Upian

Crédits photos

Couverture : Yaorusheng / Getty Images

Date de dernière mise à jour

21 avril 2022

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